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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/137

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Le Comte, à part.

J’entends du bruit de ce côté comme si l’on écartait les branches et les feuilles des arbres. — Ah ! fâcheuse rencontre ! c’est l’infant.

L’Infant.

Dieu te garde, bon laboureur !

Le Comte.

Soyez les bienvenus, braves gens ! — Vous seriez-vous par hasard trompés de route ? ou bien auriez-vous quelque chose à faire au moulin ?

L’Infant.

Nous n’avons pas le projet de moudre.

Le Comte.

Mais vous avez l’air moulus[1].

L’Infant.

Tu as raison, l’ami. On se fatigue à la fin quand on marche jour et nuit sans prendre de repos. Il n’y a qu’un moulin qui puisse aller toujours sans se fatiguer.

Le Comte.

Je suis de votre avis.

L’Infant.

Regarde-moi bien.

Le Comte.

Volontiers.

L’Infant.

Que dis-tu ?

Le Comte.

Que vous avez la mine d’un homme principal, d’un grand personnage.

L’Infant.

Je t’ai vu quelque part.

Le Comte.

Mais alors d’un autre métier qu’aujourd’hui.

L’Infant.

Non pas, du même. — Tu ne me reconnais donc pas ?

Le Comte.

J’ai beaucoup de peine à vous remettre.

L’Infant.

C’était dans la maison de la duchesse Celia.

Le Comte.

Par Dieu ! elle est not’ maîtresse.

L’Infant.

Elle est aussi la mienne.

  1. No venimos á moler.
    Bien molidos imagino.