Que signifie, Prospero, votre langage à cette heure ?
Parlez bas et contenez-vous. M’ayant vu ici l’autre jour, ce perfide m’a cherché pour venir déguisé vers vous. Dieu sait, ma Celia, si j’en ai été affligé ! Mais enfin je n’ai pas pu refuser, et je l’amène pour qu’il vous parle.
Qui eût cru pareille chose ?
Ma destinée l’a voulu.
Dites-moi, mon bien, comment vous trouvez-vous ?
À merveille et délicieusement quand je vous vois.
Oh ! qu’il tarde, ce vilain !
Mettez-vous là devant moi, ma chère vie, afin que je prenne votre main.
La voici.
Permettez que je la baise.
Oh ! qu’il tarde, ce meunier !
J’oublie en votre présence des chagrins mortels.
Y aurait-il quelque chose de nouveau ?
Le roi a conçu pour moi un fatal amour, et il veut me prendre pour épouse.
Dieu ! mais quelle est votre pensée à ce sujet ?
Quelle que soit la folie du roi, quel que soit l’excès de sa passion, ne craignez pas que jamais je renonce a vous.
Je compte, mon bien, sur votre amour.
Tout ce qui n’est pas vous ne m’inspire qu’indifférence et dédain.
Alors vous traiterez de même ce perfide qui est là.