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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/153

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Le Comte.

Oui, madame ; depuis que je suis meunier il m’a pris en amitié.

La Duchesse.

La noce ne peut donc pas se faire sans Pascal, seigneur Martin ?

Le Comte.

Non, madame ; il est grand danseur, et il mettra tout sens dessus dessous.

La Duchesse.

s’il ne s’y conduit pas bien, il y trouvera quelqu’un qui le châtiera.

L’Infant.

Rien, madame, ne pourra jamais me contraindre à renoncer à cet amour. Mais comme je ne réussis pas à vous attendrir, je suis décidé, en ma qualité de meunier, à moudre votre cœur. Il est aussi dur qu’un rocher ; mais ma fidélité sera un moulin de diamant.

Leridano.

Le roi ! Voici le roi !

L’Infant, à part.

Éloignons-nous afin de voir la princesse sans être vu.

Il s’éloigne à quelques pas.


Entrent LE ROI et MADAME.
Le Roi, à part.

J’aime tant la duchesse qu’il m’est impossible de ne pas aller au-devant d’elle.

La Duchesse.

Je vous baise les pieds, sire, et à vous aussi, Madame, dont la perfection et la grâce me charment.

Madame.

Je suis tout à fait votre servante.

Le Roi.

Au moins vous ne vous plaindrez pas de ma galanterie, duchesse : car ayant appris que vous étiez marraine, je suis venu pour être le parrain.

La Duchesse.

Je ne suis pas digne, sire, d’une telle faveur.

L’Infant, à part.

Cette petite Française est charmante, et elle mérite d’être aimée.

La Duchesse.

Sire, cet honneur revient de droit à la plus haute dame de Castille… Il ne convient pas que je sois marraine avec vous là où se trouve Madame. C’est mon devoir de lui céder.

Le Roi.

Et le mien c’est de ne pas vous contredire, belle Celia.

Madame.

Les mariés seront heureux. Peu de rois ont eu à leurs noces un parrain de cette qualité.