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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/207

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JOURNÉE II, SCÈNE III.

Théodore.

Votre seigneurie ne saurait le permettre !… Mais pensez-vous donc, madame, si je l’aime et qu’elle m’aime, pouvoir diriger nos volontés ? Pensez-vous que, pour vous complaire, je puisse porter mon affection là où mon goût ne m’attire pas ? J’aime Marcelle ; de son côté, elle m’aime ; nous pouvons avouer un amour vertueux, et…

La Comtesse.

Insolent ! prenez garde que je ne vous châtie !

Elle lui donne un soufflet.
Théodore.

Que faites-vous, madame ?

La Comtesse.

Je vous traite comme vous le méritez.


Entrent FABIO et LE COMTE FRÉDÉRIC.
Fabio.

Un moment, monseigneur.

Frédéric.

Vous avez raison. Mais non, il vaut mieux entrer. Qu’est-ce donc, madame ?

La Comtesse.

Ce n’est rien. C’est un de ces ennuis que les maîtres ont souvent.

Frédéric.

Votre seigneurie peut-elle me recevoir ?

La Comtesse.

Oui, je voudrais vous parler.

Frédéric.

J’aurais voulu me présenter dans un moment plus favorable.

La Comtesse.

Ce n’est rien, et je suis charmée de vous voir. Voulez-vous me suivre ? Je veux vous confier mes projets relativement au marquis.

Elle sort.
Frédéric.

Fabio ?

Fabio.

Monseigneur ?

Frédéric.

Je soupçonne que cette colère cache un autre sentiment[1].

Fabio.

En vérité, je ne sais rien ; seulement je suis confondu de voir la comtesse traiter aussi mal quelqu’un de sa maison. Jusqu’à ce jour, cela ne lui était jamais arrivé.

  1. L’espagnol est charmant :

    .....Yo sospecho
    Que en estos disgustos ay
    Algunos gustos secretos
    .