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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/256

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Tello, à part.

Vive Dieu ! je me sens brûler de mille feux. (Haut.) Comment se nomme la mariée ?

Pélage.

Pélage, seigneur.

Nuño.

Te tairas-tu ! Sa seigneurie parle aux femmes, et tu n’es pas une femme, toi. — Elle se nomme Elvire, monseigneur.

Tello.

Vive Dieu ! voilà une Elvire qui est bien belle, et qui est digne par ses attraits d’un mari… aussi bien né.

Nuño.

Allons, jeunes filles, égayez la fête.

Tello, à part.

Elle est ravissante.

Nuño.

En attendant que le curé arrive, dansez à la mode de ce pays.

Juana.

Le curé est déjà arrivé.

Tello.

Dites-lui qu’il n’entre pas. (À part.) Cette beauté céleste me fait perdre la raison.

Sanche.

Pourquoi, monseigneur, ne voulez-vous pas que le curé…

Tello.

Parce que… à présent que je vous connais, je veux vous honorer davantage.

Sanche.

Tout ce que je demande, tout ce que je désire, monseigneur, c’est de me marier avec Elvire.

Tello.

Demain ce sera mieux.

Sanche.

Ah ! seigneur, ne retardez pas, de grâce, le bonheur que j’attends. Ce serait pour moi un désespoir. D’ici à demain, songez-y, le moindre accident peut me ravir un bien que je suis au moment de posséder. On a dit depuis longtemps que chaque soleil amène avec soi quelque chose de nouveau. Qui sait ce que nous amènera le soleil de demain ?

Tello.

Quel entêtement !… Je veux lui faire honneur, lui faire fête, et lui, ma sœur, sans égard pour votre présence, il s’obstine de la façon la plus malhonnête !… Emmenez votre fille, Nuño, et demeurez tranquille cette nuit.