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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/366

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Paez.

Le voici. C’est ce que nous avons trouvé de mieux. Nous avons feint que pour célébrer le jour de naissance du vieux, sa fille voulait lui donner la représentation d’une comédie. Après nous être procuré ce qu’il nous fallait, nous l’avons copiée, étudiée, répétée… ce qui nous a fourni l’occasion de nous voir tous les jours… et la représentation est pour ce soir.

Oviedo.

Sur ma foi ! l’idée n’est pas mauvaise, car j’imagine que tu joues le galant, et elle la dame[1].

Paez.

Le vieux, enchanté, a invité tous les voisins. Pour la première fois de sa vie il n’a pas pris ses clefs, et cela nous facilitera l’exécution de notre projet. Je compte sur toi au grand moment. Et une fois décampés, qu’il se fâche ou non, je m’en moque.

Oviedo.

Et quelle est la comédie que vous jouez ?

Paez.

La meilleure que nous ayons pu choisir.

Oviedo.

Mais encore ?

Paez.

L’Enlèvement d’Hélène.

Oviedo.

Elle est de circonstance.

Paez.

J’espère, surtout, qu’elle le sera au dénoûment.

Oviedo.

Qui en est l’auteur ?

Paez.

Elle est d’un jeune poète qui débute.

Oviedo.

Il n’y a que le premier pas qui coûte, et après celle-là il en fera mille.

Paez.

Bonnes ou mauvaises. — Mais viens. Nous allons commencer.

Ils sortent


Entrent LE DOCTEUR et un Domestique.
Le Docteur.

Range bien ces sièges autour du salon. Que tu es maladroit !… Hâte-toi de placer les coussins[2]. Allons, il se fait tard. — Ah ! voici deux de nos invités.

  1. Si la scène se passait en France, nous aurions écrit : tu joues l’amoureux et elle l’amoureuse.
  2. Almohadas, carreaux, coussins sur lesquels on s’asseyait. Les Espagnols avaient pris des arabes la chose et le mot.