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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/89

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Votre folie m’ôte la raison… N’était-ce pas assez que de vous témoigner mon désir, et que je vous pardonnasse le passé ?… Infâme ! lâche ! homme mal né !

Le Comte.

Si vous n’étiez le fils du roi, je vous aurais déjà répondu, j’aurais châtié vos injures… Mais, malheureusement, vous n’êtes pas mon égal.

L’Infant.

Non ! car si j’étais votre égal je ne serais pas l’homme que je suis.

Le Comte.

Il est souvent des hommes qui ne sont que des femmes.

L’Infant.

Quelle audace !… Et que me feriez-vous si j’étais votre égal ?

Le Comte.

Je vous ferais tout le mal que je pourrais.

L’Infant.

Sur ma foi ! je suis tenté de descendre à être votre égal, seulement pour voir ce que vous me feriez.

Le Comte.

Il ne serait pas bon pour vous d’essayer.

L’Infant.

Eh bien ! dès ce moment je dis que je ne suis plus infant d’Espagne, que je renonce aux privilèges de mon rang et que je me soumets à la loi commune. À cette heure, songez à me répondre bien ou mal.

Le Comte.

Vous n’êtes plus infant ?

L’Infant.

Non.

Le Comte.

Qui êtes-vous alors ?

L’Infant.

Un simple gentilhomme comme vous.

Le Comte.

Et vous dites que je suis un infâme, un lâche, un homme mal né ?

L’Infant.

Et je le dirai mieux encore avec cette épée à la main.

Le Comte.

Et moi alors je dis que vous mentez ! Voilà mon gant.

L’Infant.

Insolent ! — En garde !

Le Comte.

J’y suis.

Valerio, à l’Infant.

Ne vous exposez pas, monseigneur.