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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/122

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Estévan.

Que votre seigneurie s’asseye à la place qu’elle préfère. Pour nous, nous resterons fort bien debout.

Le Commandeur.

Demeurez assis, vous dis-je.

Estévan.

C’est aux gens de bien qu’il appartient d’honorer les autres ; car celui qui n’a pas d’honneur ne peut en donner aux autres.

Le Commandeur.

Asseyez-vous, et nous causerons.

Estévan.

Comment votre seigneurie a-t-elle trouvé mon lévrier ?

Le Commandeur.

Ma foi ! alcade, mes gens sont revenus de la chasse émerveillés. Ils n’ont rien vu d’aussi léger.

Estévan.

C’est une excellente bête, et, vive Dieu ! il pourrait disputer le prix de la course à un malfaiteur poursuivi ou à un poltron un jour de bataille.

Le Commandeur.

À propos de cela, mon ancien, vous devriez bien le lancer sur une proie qui m’a déjà plus d’une fois échappé à la course.

Estévan.

Volontiers, monseigneur… Où est-elle ?

Le Commandeur.

Elle n’est pas loin ; c’est votre fille.

Estévan.

Ma fille ?

Le Commandeur.

Elle-même.

Estévan.

Et vous croyez qu’elle est faite pour votre chasse ?

Le Commandeur.

De grâce, alcade, grondez-la donc un peu.

Estévan.

Et pourquoi ?

Le Commandeur.

Elle s’obstine à me chagriner. Vous le savez, il y a ici des femmes charmantes et les premières de l’endroit, des femmes dont les maris ne sont pas loin de nous en ce moment, et qui, au premier désir que j’en ai témoigné, n’ont pas fait difficulté de m’accorder un petit entretien.

Estévan.

Elles ont eu tort ; et vous, monseigneur, ce n’est pas bien à vous de dire ce que vous dites là.