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Don Juan.

On parle derrière la jalousie. — Mes amis, mettez-vous en sentinelles chacun à l’une des extrémités de la rue.

Léonel.

Toi, Chacon, mets-toi à ce coin.

Chacon, à don Juan.

N’ayez pas peur. À moi tout seul je ne crains pas un escadron, fût-il de trente poulets !

Don Juan, appelant.

Zt ! zt ! Marcèle ! Marcèle ! Zt ! zt !

Dorothée.

Qui va là ?

Don Juan.

Votre nouvel adorateur.

Dorothée.

Serait-ce vous, don Juan ?

Don Juan.

Oui, c’est moi ! c’est moi !

Dorothée.

Mon Dieu ! que cherchez-vous ici ?

Don Juan.

C’est vous… Vous, madame !

Dorothée.

Non pas ! vous vous trompez, ce n’est pas moi. — Et si votre maîtresse vous est infidèle, et que vous vouliez la ramener en excitant sa jalousie, allez-vous-en, partez ; je ne suis pas assez belle pour cela.

Don Juan.

Écoutez-moi, de grâce.

Dorothée.

Croyez-moi, allez la trouver, appelez-la, criez, pleurez, suppliez, et jurez-lui de l’épouser.

Don Juan.

Non, belle Marcèle, je ne puis renouer avec elle. — Je suis un galant homme.

Dorothée.

Vous voulez donc l’oublier ?

Don Juan.

L’oublier ? ce serait trop d’honneur pour elle. Pour oublier, il faut avoir aimé d’abord.

Dorothée.

Quoi ! vous ne l’avez jamais aimée ?

Don Juan.

Si je l’avais aimée, il me serait moins facile de renoncer à elle.

Dorothée.

Vous me trompez.