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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/299

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vous plaisait, si vous aviez pour moi un tant soit peu de sympathie, — je n’en serais pas fâché.

Inès.

Il n’en faut pas tant pour m’attendrir. Mais, dites-moi, vous n’êtes donc pas un voleur ?

Citron.

Est-ce que j’ai une mine à voler[1] ?

Inès.

Je viens à la hâte chercher ici un gentilhomme de Séville que l’on a arrêté pour un meurtre.

Citron.

Est-ce aujourd’hui qu’on l’a arrêté ?

Inès.

Tout à l’heure.

Citron.

Eh bien, c’est comme si vous l’aviez devant vous. Je suis son lieutenant, son reflet, son ombre.

Inès.

Comment cela ?

Citron.

Je me tiens toujours à trois pas derrière lui. — Mais, je vous l’avoue, je suis étonné qu’on vienne le chercher ici, lui qui n’est pas de cette ville. — N’importe ; si vous voulez lui parler, le voilà.

Inès.

J’ai deux mots à lui dire, et ensuite nous causerons ensemble.


Entre DON JUAN.
Don Juan.

Obscur et triste séjour, horrible tombeau des vivants, aucun malheur sur la terre n’est comparable à celui des infortunés que tu gardes dans tes murs. Si la justice n’était pas la plus belle des choses, tu la rendrais ce qu’il y a de plus affreux. — Tel est l’éloignement que tu inspires, que le soleil lui-même n’entre pas ici, de peur d’y demeurer prisonnier[2].

Citron.

Monseigneur, il y a ici une dame qui vous attend… Cette dame, c’est la dame d’une autre dame belle et charmante comme un ange[3].

Don Juan.

Où est-elle ?

  1. Tengo yo cara de hurtar ?
  2. Dans l’original ce couplet forme un sonnet.
  3. Una dama, dama enfin
    De otra dama serafin.