Aller au contenu

Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Alcayde.

Les voici.

Don Juan.

Veuillez fermer.

L’Alcayde sort.


Entrent LÉONARDA et INÈS voilées.
Léonarda, à part.

Qu’il est beau ! qu’il est noble et gracieux !

Inès.

N’est-ce pas, madame, qu’il est joli garçon ?

Léonarda, à don Juan.

Je voudrais vous dire un mot.

Don Juan.

Je suis trop heureux de l’entendre de cette bouche.

Léonarda.

Ne soyez pas si ému en parlant d’une bouche que vous ne voyez pas.

Don Juan.

Pardonnez-moi ce trouble, il est bien naturel ; car mon cœur me dit que vous êtes venue pour m’achever.

Léonarda.

N’êtes-vous pas don Juan d’Aguilar ?

Citron.

Oui, madame, c’est lui-même ; et moi je suis son valet.

Léonarda.

Nommé, je crois, Citron ?

Citron.

Confit, pour servir.

Inès.

Il est charmant.

Citron.

J’ai été élevé sur la plage, je suis un poisson de San Lucar[1].

Inès.

Il n’est jamais embarrassé.

Don Juan.

Eh quoi ! madame, vous ne dites rien ?

Léonarda.

C’est que moi aussi, je l’avoue, je suis toute émue. J’ai éprouvé [2]

  1. Crieme en el arenal
    Y soy atun de San Lucar.

    San Lucar est un port d’Andalousie. Ceux qui y étaient nés passaient pour de fins matois.

  2. féminine qui, en Espagne, distinguaient les femmes honnêtes des courtisanes, — et qui étaient à l’avantage de ces dernières. — Ces allusions, pour être comprises, auraient exigé des commentaires dans lesquels il nous était impossible d’entrer.