Aller au contenu

Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Phénice.

Mon intention, l’autre fois, a été de mettre sa tendresse à l’épreuve. Je lui garde son argent.

Tristan.

Bien ! bien ! qu’il retourne chez vous ! qu’il dépense avec vous la fortune de son père, qui l’avait muni de si bonnes instructions ! et qu’il fasse mourir ce digne vieillard de chagrin !… Pour moi, je prévois de reste que je ne reverrai plus ma patrie.

Phénice.

Je vous assure, Tristan, que vous ne me connaissez pas.

Tristan.

Si fait ! je ne connais que trop l’hameçon qui a pêché notre chat.

Phénice.

Vous ne savez pas, Tristan, qu’au moment où vous êtes parti, je comptais vous donner un habit du plus beau velours avec des passements d’or.

Tristan.

Un habit ! à moi ! vive Dieu !

Phénice.

Oui, un habit charmant.

Tristan.

En ce cas je n’ai plus rien à dire, et je vous amènerai ce galant pieds et poings liés, et vous n’y perdrez rien.

Phénice.

Si vous me l’amenez, Tristan, outre l’habit, il y a cent ducats pour vous.

Tristan.

Je vous baise les mains.

Phénice, à Lucindo.

Adieu.

Lucindo.

Adieu.

Célia.

Adieu, Tristan.

Tristan.

Adieu, Célia.

Lucindo, à part.

Ma vengeance ne tardera pas à s’accomplir.

Phénice.

Songez, mon bien, que je vous attends.

Lucindo.

Ayez soin, mon amour, que l’on m’apporte l’argent.

Phénice.

N’oubliez pas que c’est trente pour cent.

Lucindo.

Comme vous voudrez.

Phénice et Célia s’éloignent.