Aller au contenu

Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

eux-mêmes excellents. On s’était passionné aux chrysantèmes, un plan de tulipes avait décidé de la liaison.

Ce vieux père Bricard (la physionomie d’un vieux ours blanc avec ses cheveux tondus ras, mettant sur son crâne rose un court frisson de neige, et ses moustaches jaunies par le tabac, couleur de martre zibeline aux deux bouts retombants) logeait dans le fond de son quasi-parc avec le droit de vente de légumes pour seuls appointements ; ce vieux père Bricard avait voué aux marquises de Sonyeuse un culte d’autant plus extraordinaire du moins chez un tel homme, qu’aucune marquise du nom n’avait mis les pieds au pavillon depuis plus de cent ans. Certes, il existait des marquises de Sonyeuse : une d’entre elles avait été dame d’honneur de la duchesse d’Angoulême et avait officié aux Tuileries ; ce devait être Mme la marquise douairière, encore vivante, et résidant à l’hôtel de Soissons, rue des Carmes, à Rouen. La jeune marquise, la belle-fille, une de Boisgelon-d’Esprise, et dont quelques familles de la ville avaient reçu le faire-part du mariage un mois