Aller au contenu

Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Certes, oui, mais un peu de calme, mesdames ! Tenez, faisait-il en prêtant l’oreille à un branlebas de sonnerie, voici justement la cloche de six heures, c’est la sortie. La plupart de mes ouvriers, ceux qui habitent Poissy, passent forcément ici, notre homme est du nombre ; il va passer là sur le chemin de halage, au pied de cette terrasse… je l’appellerai sous un prétexte quelconque, retenez bien son nom : Mourienne. D’ailleurs, je ne parlerai qu’à lui ; ouvrez bien les yeux et regardez-le tout à votre aise sa tenue laissera peut-être un peu à désirer, mais il est très beau, je vous assure. Un conseil, pourtant ne cherchez pas à l’émotionner, mesdames, il hait toutes les femmes, depuis son aventure, n’est-ce pas, docteur ? C’est une horreur, une rancune ulcérée d’homme qui a trop souffert, une aversion de victime qui se souvient de ses bourreaux ; mais oui, presque de la misogynie. »

— « Mais il devient très intéressant, ce garçon », murmurait comme à elle-même la belle madame Engrand.

Les bruits des pas commençaient à s’étouffer