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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/174

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et, le front caché dans ses grosses mains noueuses, il suffoquait comme secoué par une vraie douleur.

Je m’étais assis auprès de lui (Méténier avait obtenu qu’on nous laissât seuls) et, posant ma main sur son épaule : « Lebarroil, articulai-je d’une voix ferme, répondez-moi, qu’avez-vous fait la nuit du quatre ?

Aucune réponse, que de sourds sanglots.

Je répétai ma question deux fois, lui laissant un temps pour reprendre possession de lui-même, puis devant un obstiné mutisme, je me levai pour partir.

« Et quand je vous le dirais, s’écriait-il avec un accent déchirant, vous ne me croiriez pas, ni vous ni les autres !

— Parlez toujours, Lebarroil, voyons, je vous attends.

— Hé bien ! la nuit du quatre, pardi, j’ai pailloté[1] avec une gonzesse.

— Votre maîtresse, Irma Frodin ?

J’étais curieux de voir s’il allait mentir.

  1. Paillotté de Paillot, lit, se mettre au lit, coucher, dormir.