Aller au contenu

Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mari, des enfants, oui, cette femme est non seulement la rôdeuse équivoque qu’on rencontre la nuit au coin des rues suspectes, dans les lointains Grenelle, autour des Abattoirs, dans les plus bas quartiers de Paris assassin, de Paris voleur, de Paris perdu, non seulement cette femme est le joli profil de vierge qu’on est parfois tout stupéfait de voir surgir du couloir à treillage d’un meublé de banlieue, la Messaline éhontée, brisée, mais non rassasiée, lassa, sed non satiata affamée de noces crapuleuses et d’amours hasardées, la patricienne féroce et délicate à qui il faut des caresses de brute salées de coups de botte et de gros mots de voyou, elle est pis, elle est la femme qui, à la cour d’assises, va voir condamner son amant à mort, curieuse de l’impression qu’elle en ressentira dans son être et puis qui, mise en goût de voluptés, va le voir ensuite exécuter place de la Petite-Roquette ; l’impression du couperet après celle du verdict. Elle est la goule qui, mangeant de baisers la tête de l’homme qui pâme et râle entre ses bras, se grise à la pensée qu’un jour ou l’autre l’acier de la guillotine entamera cette tête ; elle est celle qui,