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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/226

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pas devenue, affirment ses amis, sans l’insigne maladresse du comte, Mme de Nauretale était née honnête : c’est un meurtre immérité qui aurait jeté cette femme dans la galanterie, et comme presque toujours en semblables occurrences, c’est la main du mari qui aurait déterminé la chute de la femme. Comment ? Le voici :

Te souvient-il encore, ne serait-ce que de nom, de Manehaustein ? Non, tu étais trop jeune. Pierre de Manehaustein, le beau Pierre, comme on l’appelait alors, fut de 1860 à 1866 l’homme de Paris, qui était alors en femme Mme de Nauretale, Mme de Nauretale et tant d’autres. Fabuleusement beau, d’un blond d’or de Norvège avec un profil de héros de Nibelungen, intime ami des Grammont-Caderousse, des Mouchy, des Demidoff et autres viveurs de l’époque, jetant l’or à poignées, beau joueur, beau valseur, aimé, traqué, supplié par les femmes, il fut un des quatre ou cinq princes charmants de cette cour des Mille et une nuits. Mme de Nauretale, dont on n’avait fait jusqu’alors que citer la beauté, le rencontra, l’aima, en fut aimée… jusqu’à la chute ? On ne précisa rien, mais