Aller au contenu

Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je la regarde dans les yeux, qu’elle a fort beaux, d’un bleu sombre, et tout emperlés de larmes : en effet, plus actrice qu’elle ne le croit elle-même, la jolie parente, car elle ne manquera pas à cause de son deuil un des seuls bals de l’hiver : Rouen est à trente lieues de ce trou de province et puis le noir lui va si bien, comme à Rejane.

Mais Madame *** m’a fait monter dans son coupé et tout en tamponnant ses paupières avec un fin mouchoir de dentelles : « Il l’aimait donc bien, cette fille, qu’il n’ait pu lui survivre et qu’il soit mort pour elle et comme elle. » Et m’étreignant nerveusement le bras, avec cette fois, dans la voix un accent vrai de femme jalouse : « Était-elle au moins jolie, cette Suzanne… brune ou blonde… car, vous savez, il est mort comme elle, éthéromane, empoisonné. » Et tout en lui donnant les indications demandées, voilà qui se dégage et surgit devant moi tout un drame insoupçonné, non remarqué de moi dans les dernières années de Jacques ; et des quelques mots tout à l’heure échanges avec de Saunis, de mon présent entretien avec Madame ***, se dessine, et nettement