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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/289

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fesseur. Les pelures, mon cher, ce sont les gens dont on ne veut pas ailleurs. Jeunes filles avariées, veuves compromises, femmes séparées, mal mariées ou pas mariées en quête, les vieilles d’un amant, les jeunes d’un entreteneur ; mères cherchant à placer n’importe comment leurs filles, maris cherchant à placer leurs femmes et quelquefois fils cherchant à placer leurs mères… Ne te récrie pas, cela s’est vu. Une mère galante est un grand appoint pour un homme qui débute à Paris dans la littérature ; à défaut de la sympathie des confrères il en a la reconnaissance et le mépris ; les bontés de sa mère lui ont acquis une créance à longue, mais sûre échéance, car le caractère distinctif des pelures (sans quoi j’aurai l’air de faire mon petit Olivier de Najac en te racontant le demi-monde) c’est que les pelures appartiennent toujours de loin ou de près au monde des lettres et des arts. Les femmes y sont bas-bleus, écrivains, sculpteurs, peintres ; les hommes journalistes, pianistes, poètes : du talent quelquefois, du sens moral jamais, de la prétention toujours. À la porte du vrai monde, dont ils