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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/77

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reuse jeune femme ; lord Mordaunt, ou du moins celui qui se donnait ce nom, a quitté la ville dans la huitaine, et, (après un long silence), Sonyeuse est à vendre. Il n’y a rien de plus.

— « Et l’on croit, maman ?

— « Lord et Lady Mordaunt n’étaient point mari et femme, ils cachaient ici une liaison coupable, l’Anglais de Sonyeuse avait enlevé cette femme à son mari. Ce mari s’est vengé en reprenant l’enfant, et la mère, lady Mordaunt, en est morte. Dieu punit l’adultère, il pèse une malédiction sur les unions que la religion n’a pas bénies. »

Ma mère devait à mes quinze ans la morale de l’histoire.

Sonyeuse était à vendre. Il n’y avait rien de plus.

Si, il y avait quelque chose de plus, mais je ne l’ai su que beaucoup plus tard, trente ans jour pour jour après le dénouement tragique de cette histoire, quand, dans les travaux de remblai du cimetière et lors de l’exhumation et de la translation des morts, on fut contraint de violer et d’ouvrir la bière de lady Mordaunt. Trouvaille affreuse,