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Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/224

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que celle du cœur, est-il écrit quelque part ; on se console de tout, même de perdre qui l’on aimait, mais la honte reste de ces erreurs-là, comme d’une faute… c’est là, vois-tu, la plus cruelle méprise !

— Cela s’était remis pourtant entre vous deux, en juin !

— Oui, quand le pauvre garçon m’avait avoué ses ennuis, ses pertes au jeu, ses emprunts, ses sottises et ses six mille francs de dettes ; ah ! j’avais tout payé et de grand cœur, vois-tu, on ne compte pas quand on aime, et le bonheur de l’aimé n’a pas de prix. Je l’avais vu sauvage, taciturne, cherchant à m’éviter, à s’isoler, lui que j’avais connu si plein de belle humeur, si vivant et si tendre… et puis, cette belle humeur était un peu mon œuvre, il était si malheureux quand je l’avais connu, le pauvre cher ; je pouvais être fière de cette liaison-là, comme d’une bonne action ; c’est par la pitié qu’il m’avait prise et c’est par l’amour que je l’avais guéri… D’ailleurs, à quoi bon revenir là-dessus. Tu sais par moi et mieux que moi peut-être tous les détails de notre première rencontre, toutes les émotions de cette année d’épreuves et de passion… Les dettes payées, il m’était donc revenu ;