Aller au contenu

Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

samedis d’une bruyante et familière clientèle de gens de quartier ; ce sont le boucher du coin, les garçons épiciers d’en face, l’aide pharmacien de la rue voisine, le marchand de vins de la petite place, le médecin du troisième, les employés de la mairie, les sergents de ville même, toutes les petites rentes et tous les petits appointements de Passy.

Ces jours-là, — devant l’eau peut-être un peu jaunie de deux grandes glaces de Saint-Gobain inclinées en miroir, le patron de l’établissement, un beau blond pour les femmes, s’y activait autour du client avec des ronds de bras et des cambrures de torse d’homme sûr de son physique, entre le va-et-vient affairé de deux garçons, et c’était, sur l’épaule du monsieur qu’on savonne ou qu’on peigne, de savantes inclinaisons de buste mettant bien en valeur le renflement des hanches, d’obséquieuses politesses de merlan trop aimable, vous commentant le dernier fait divers et, plaisantin, blaguant le Panama entre deux mots sur vos affaires et votre état de santé.

Trop parfumé, la moustache en croc soigneusement roulée au petit fer, le verbe haut, les mains toujours volantes et les jambes moulées