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Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/280

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comme au théâtre, maladroitement, bêtement, plus fanées, plus fardées qu’elle encore et qui n’offraient même pas l’attrait de la jeunesse à ses sens fatigués de viveur.

Alors, elle l’avait marié de sa main à une fiancée par elle choisie dans le milieu le plus cossu, le plus rangé, le plus bourgeois, le plus offrant de garanties ; elle espérait le garder par là, mais de Morfels, maintenant lancé dans le tourbillon des bonnes fortunes, classé homme à aventures, avait trompé tout simplement sa femme, comme il trompait son vieux collage, piétinant maintenant deux âmes au lieu d’une, brisant tranquillement deux existences avec ses coups de tête, de sens ou de cœur.

« De cœur, cœur de fille, et plus fille que moi encore, à croire que c’est moi l’honnête homme et lui la courtisane, comme il arrivait parfois de dire à la Monteuil dans les moments de lassitude et de rancœur ; et elle pardonnait toujours, la vieille maîtresse endolorie, acceptant tout plutôt que de se passer de ses visites, ne pouvant même en admettre l’idée, attachée à cet homme comme par une sorte d’envoûtement, résignée à toutes les souffrances qui lui venaient de lui, et paraissant l’en aimer davan-