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Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/132

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peines du monde à remettre au point voulu ces abstractions-là. D’économies, il n’en avait pas fait non plus pendant tous ces séjours dans des ports d’Amérique ; donc, il faudrait que l’aiguille de la brodeuse d’or fût constamment à l’ouvrage, et lui, un peu mécontent de lui-même, ne pouvait se faire à cette idée de vivre, à vingt et un ans, du travail de sa mère.

Difficile à conduire toujours, malgré son bon cœur d’enfant, il était déjà obstiné et sombre, avec les yeux changés, avec la voix brève des mauvais jours, quand sa mère lui avait fait un reproche maladroit comme jadis, un de ces reproches de tendresse mal entendue qui, pour un temps, ferment le cœur.

Alors il s’était buté, avec un entêtement silencieux, ayant en lui-même un autre projet, très facile et très tentant, qui le délivrerait de tout : se rengager dans la Flotte !… D’ailleurs cette vie le tenait encore, par son charme inexpliqué, que tant de jeunes hommes subissent.

Et c’était fait depuis la veille, signé,