Aller au contenu

Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXXII


Deux jours après. Par un tout petit garçon, dont l’aspect ne pouvait inspirer de méfiance, il lui avait fait remettre ce billet, le soir, dans la rue, comme elle sortait de son atelier de couturière :

« Mademoiselle Madeleine, quelqu’un, que vous avez déjà vu trois fois et qui s’appelle Jean, vous rencontrera tout à l’heure au même endroit qu’hier au soir. Il vous demande en grâce de le laisser vous parler, rien qu’un instant, si personne ne passe. — Jean. »

Et il attendait, au crépuscule, dans une vieille rue blanche, solitaire, plantée de tilleuls et bordée surtout de murs de jardin, par où elle avait l’habitude de regagner son logis… Pour lui, accoutumé à de faciles succès, dans le monde des petites filles qui rentrent seules aux tombées des nuits, une telle lettre était vraiment un surcroît inusité de cérémonial. Mais