Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/204

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d’un autre marin, retournant son visage pâle du côté de la canonnière pour dire adieu, d’un signe de tête ou d’un sourire, à ceux qui restaient.

C’était bien le même instant crépusculaire que pour sa venue, la même surprenante enluminure du sol rouge et des feuillages verts ; les mêmes senteurs ; les mêmes passants jaunes qui, avant de s’enfoncer dans leurs maisonnettes sous les branches, tournaient silencieusement, une dernière fois, vers celui qui s’en allait, leurs petits yeux énigmatiques. Dans l’humidité odorante, sous les arbres oppressants, c’était toujours la même vie chaude et languide, si éloignée de la nôtre. Et toutes ces choses, qui regardaient Jean partir, semblaient conscientes d’avoir une fois de plus soufflé la mort sur quelqu’un de France…

Les derniers temps, avec cette fièvre rebelle, profonde, qui recommençait à intervalles inexorablement réguliers, la