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Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/212

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XLVII


Cependant, vers le matin du dixième jour, ces inerties des choses commencèrent à prendre fin.

Une brise se leva, imperceptible d’abord, mais grandissant toujours, dans un ciel moins violent et plus semblable au nôtre, où couraient des petits nuages cotonneux d’une teinte très douce. Elle était tiède, cette brise, mais si vivifiante qu’elle semblait fraîche ; jusqu’au fond du navire, dans l’hôpital aux senteurs de fièvre, elle entrait peu à peu, par les longues manches de toile tendues pour l’aspirer, et les malades la recevaient avec un bien-être délicieux. C’était l’Alisé austral, et c’était le ciel éternellement pareil des tropiques ; la Saône avait atteint cette région invariable, et le même souffle régulier allait, pendant des jours et des nuits, la pousser vers le grand cap.