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Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/268

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l’esprit, elle sentait l’étreinte de la griffe inexorable toujours plus serrée et plus pénétrante…

Qu’est-ce donc qu’il avait fait à Dieu, son fils, son Jean, son beau Jean, son bien-aimé et son unique !… Jamais de bonheur pour lui !… Pourquoi son enfance et sa jeunesse si rudes et si abandonnées !… Presque renié par sa famille de là-bas parce qu’ils étaient pauvres, — puis délaissé, oublié, par cette Madeleine, par tous !… Et, pour finir, cette mort misérable, loin de sa mère, — et on le lui avait jeté à l’eau comme chose perdue !…

Elle repensait sans cesse à cette fenêtre à ouvrir et à ces pavés qui recevraient sa tête. Mais, chaque fois, la même pudeur la retenait de faire cela, — et aussi un autre sentiment plus puéril qui venait de surgir : elle se rappelait l’attachement de son Jean pour certains petits objets à lui, rapportés de Provence, qu’il lui avait confiés, et pour des objets à eux deux, de leur modeste ménage de mère et de fils… Elle regrettait ceux qu’elle avait brisés tout à l’heure. Les autres, entre quelles