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Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/270

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souriant de son joli sourire d’enfant ; dans cette photographie-là, s’était fixé pour un temps ce quelque chose de visible, mais de mystérieusement inexplicable, qui vient de l’âme et qui est l’expression ; un dernier reflet de son âme à lui, disparue dans la grande Ténèbre, persistait en cette très petite image — que la mère maintenant regardait. Et en la regardant, avec une sorte d’avidité de souffrir, en la regardant de bien près, elle s’aperçut que le papier, déjà jauni, s’était piqué de points blancs, à l’humidité de Brest : alors, ça aussi, c’était impossible à retenir ; ça aussi, ça s’en allait… comme tout !…

… Oh ! et le « petit chapeau » !… Une folie lui vint, de le revoir tout de suite et de le toucher. S’approchant de la clarté de la fenêtre, elle ouvrit fiévreusement le vieux carton vert, déplia la gaze qui enveloppait la relique enfantine, — et, tout fané, il reparut au pâle soleil printanier du nord, le « petit chapeau », qui avait été étrenné, là-bas dans la chaude Provence, pour une si lumineuse fête de