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Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/28

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Que ferait-il, que consentirait-il à faire, ce Jean qu’ils n’avaient pas osé interroger ? Pour le maintenir au lycée, sur le même pied que les autres, pour conserver à la petite maison et à ses habitants une tenue convenable, il avait fallu emprunter, hypothéquer le bien de campagne, les orangers hérités de famille et les champs de roses. Et, à présent que ce but, auquel ils avaient sacrifié tout, était manqué pour jamais, ils ne voyaient plus, dans leur impuissance matérielle à pousser leur fils vers d’autres études, non, vraiment ils ne voyaient plus rien… Tout leur paraissait brisé et fini. Des présages d’irrémédiable deuil flottaient devant leurs yeux, et sans bien s’expliquer pourquoi, ils jugeaient leur Jean comme perdu. Et, pendant leur long silence, il leur semblait même qu’un souffle de mort, d’émiettement et de dispersion, passait sur leur pauvre chère demeure, si péniblement conservée…

Maintenant, voici qu’il arrivait, lui, d’un