Aller au contenu

Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’étirer vers le ciel comme pour nous y suivre ; la plupart de leurs donjons, émergeant de leurs suaires de neige, nous dominent encore, et vraiment on comprend que les Autrichiens, qui y sont retranchés dans des trous, aient été en droit de s’y croire inexpugnables. La guerre victorieuse, que nos Alliés leur font ici, est le comble de l’invraisemblance. — Et le canon continue à tonner de temps à autre, éveillant des sonorités infinies dans ce lieu qui était jusqu’à nos jours le haut royaume du silence.

La route à présent est presque constamment en vue de l’ennemi, perché sur les pics d’en face, aussi l’a-t-on camouflée avec grand soin ; nous roulons entre de véritables haies et sous de véritables voûtes de branches vertes de sapin, attachées par des fils de fer. Tout cela exige du reste beaucoup d’entretien et, de distance en distance, des soldats, bien plus exposés que nous car ils sont immobiles, travaillent à réparer, avec des branches fraîches qu’ils ont apportées, les dégâts qu’a pu faire le vent, dans ces charmilles artificielles.

Notre auto enfin s’arrête, au point terminus