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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/138

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pauvre malade, étendu les pieds en avant, les yeux fermés, sur la planchette inclinée. Un autre soldat, pour le garder, s’y est assis avec lui, du côté de la tête, le surveille et le maintient entre ses genoux. Une vision furtive : à peine ai-je eu le temps de les entrevoir, ils ont disparu…

Il y aura quand même une petite satisfaction à arriver au but, surtout pour une première fois, et on ne peut s’empêcher du reste de songer que la descente aura lieu sur la même planche sans rebord et par la même ficelle ; seulement les aiguilles des rochers, au lieu de rentrer dans la terre, auront l’air de surgir de partout, de pousser comme des asperges géantes dans une prairie au printemps…

À la petite gare terminus, qui est un trou dans le roc, d’autres Alpins m’accueillent, et c’est là que m’attendait la capitale surprise du voyage : une galerie dans la pierre vive, une galerie qu’ils ont creusée et qui a plusieurs centaines de mètres de long, avec des meurtrières par où des canons — comment les ont-ils juchés là ? — passent la tête et regardent l’ennemi ! Il y a aussi des