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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/152

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Au-dessus de la caisse où Saint-Marc a été si pieusement emmaillotée, on voit pointer ses clochetons ajourés, ses gerbes de ferronneries dorées qui la révèlent encore, — car, hélas ! rien n’a pu être tenté pour protéger cela, non plus que pour sauver les voûtes sans prix, aux mosaïques d’agate, de lapis et d’or ; il eût fallu construire au-dessus une seconde voûte beaucoup plus étendue et imperméable aux nouvelles pluies de fer, et cela eût été une œuvre au-dessus des capacités humaines. Donc, s’ils viennent, les obus plus bêtes que la bêtise même, ils passeront au travers de ces splendeurs ; mais au moins, grâce à tant de précautions, la basilique ne croulera pas tout entière.

Jadis, il restait l’air, qui était libre, l’air qui était un domaine privilégié, inaccessible, où les palais et les cathédrales pouvaient en toute sécurité élever leurs plus délicates structures. Mais aujourd’hui, non, c’est fini même de cette assurance-là, et, si Saint-Marc échappe pour une fois à l’attentat des ferrailles, vienne une autre guerre après celle-ci, ce qui est inévitable, il y aura eu « progrès » dans les moyens aériens de destruction, et