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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/161

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et les ors. Aujourd’hui, quelle surprise en entrant de voir que rien ne brille plus, qu’il, n’y a plus que des grisailles, des formes indécises, des formes molles et comme estompées ! — Ah ! c’est que tout est revêtu d’épais matelas gris, — tout, les statues qui étincelaient, les orfèvreries d’or ou d’argent, les colonnes sans prix en marbre améthyste ou en marbre « vert antique » ; toute cette écrasante magnificence a pris la tenue de guerre, et sous les épaisseurs protectrices, non seulement elle ne garde plus qu’une teinte neutre, mais elle s’est étrangement gonflée, boursouflée ; les piliers sont devenus trop énormes et trapus ; les saints, que l’on devine encore, ressemblent à des poussahs qui n’auraient plus de tête. Sur les mosaïques aussi, les mosaïques au coloris éternel, pour fixer le plus possible leurs myriades de parcelles que la mitraille éparpillerait, on a collé de solides toiles grises. Oh ! l’étonnant et triste sanctuaire, trop capitonné, trop renfermé, où rien n’a plus de couleur, où les bruits mêmes sont feutrés et où l’air manque !…

Le conservateur de la cathédrale veut bien me guider lui-même dans son domaine rendu