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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/199

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me font l’effet de se cambrer en des attitudes de suffisance ; c’est qu’ils appartiennent à la Garde, ceux-là, et ils ont dû se façonner sur leur kaiser, qui détient comme on sait le record de la morgue. Ils n’ont cependant pas lieu de prendre tant que cela des poses : notre victoire d’hier, qui a déblayé ce lieu plein d’embûches, a été en somme l’un des démentis les plus insultants à la légende déjà démodée de l’invincibilité allemande ; car enfin ils s’attendaient depuis plusieurs jours à l’attaque, les Boches, ils avaient relevé le défi, doublé les défenses, accumulé canons et soldats de leur plus belle élite. Les nôtres, en arrivant ici tout juste comme finissait l’ouragan de notre artillerie lourde, ont trouvé devant eux les troupes les plus choisies de l’Allemagne, et les plus bouffies d’orgueil, huit divisions, dont deux de la Garde portant les titres les plus honorifiques. Eux, nos chers soldats, n’appartenaient point à des régiments décorés d’appellations aussi pompeuses ; ils n’en ont pas moins tout bousculé, tout culbuté et passé par-dessus tout comme un grand flot superbe. Il est donc bien démontré une fois de plus que, si l’Allemagne,