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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/23

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industrie bien plus allemande encore, bien plus foncièrement nationale : l’espionnage, la rapine, le viol et le meurtre. Lisons leurs penseurs, leurs grands (?) hommes : à chaque page, c’est l’apologie de cette industrie-là. Interrogeons leurs annales, depuis le début de notre ère : c’est de cette industrie-là qu’ils ont surtout vécu.

Quelques mois avant l’agression actuelle, si patiemment et diaboliquement préparée, un nommé von Bernhardi, à l’instigation du kaiser, entreprit d’avance de plaider les circonstances atténuantes des crimes prémédités par son maître : « C’est une question d’humanité, osa-t-il écrire, de faire la guerre atroce, pour qu’elle finisse plus vite. » Et dire qu’il s’est trouvé chez nous des gens pour prendre cela au sérieux et faire à ce Jocrisse l’honneur de le discuter !

Peu après, le Monstre de Berlin, croyant l’heure propice, ouvrit enfin les cages de sa ménagerie, et ce fut, sur la noble Belgique comme sur notre chère France, cette ruée de bêtes féroces que l’on sait. Cependant — stupeur — les Neutres ne bougeaient pas, et — stupeur plus grande — il s’en