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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/242

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« Un tel monarque (Guillaume II) semble fait exprès pour s’entendre avec notre tsar Ferdinand. » (Sic.)

C’est une vérité si cinglante que l’on est tenté de croire à la plus ironique des insolences. Mais non, c’est sérieux — et la suite de l’article raconte, avec une plate et bête courtisanerie, l’entrevue de ces scélérats abominables, Guillaume et le Cobourg. Les deux complices, naturellement, se jettent à la face l’un de l’autre les rengaines sempiternelles ; la civilisation, la culture, la liberté, la paix du monde, autant de mots qui, dans leurs bouches horrifiques, sont d’une bouffonnerie macabre. Et ils terminent en implorant — c’était fatal — les bénédictions de Dieu le père sur le monceau inimaginable de leurs crimes. Est-ce vraiment possible qu’après leurs trois années de forfaits, ils puissent rencontrer encore des auditeurs pour les écouter sans rire ? Et eux-mêmes, les deux têtes de Gorgone, les deux meneurs des tueries, eux qui savent pourtant mieux que personne ce qu’ils avaient longuement prémédité et ce qu’ils ont férocement accompli, sont-ils vraiment assez niais pour s’imaginer