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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/244

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laume II, et songer que, plus les années passeront, plus les témoignages deviendront accablants, plus la vérité se fera jour sur les basses cruautés, les perfidies et les machinations immondes ; plus les générations nouvelles, libérées de « l’esprit allemand », deviendront implacables pour juger et maudire — oh ! suprême misère, terreur sans nom ! Cet homme n’est-il pas déjà entré vivant, dans la Géhenne !

Oui, savoir que l’on a réellement fait tout cela, que ce n’est pas un cauchemar que chassera le réveil, que c’est écrit partout en grosses lettres avec du sang et de la moelle, et que les hommes futurs vomiront de dégoût au seul prononcé de votre nom — oh ! le malheureux dont on aurait presque pitié !… N’y a-t-il pas là de quoi se briser le front contre les murs, en jetant des cris comme ceux d’un chien qui hurle à la mort !…

Il est vrai, si par impossible la Barbarie triomphait pour un temps en sa personne, on verrait s’élever dans Berlin de lourdes et outrageantes statues à son image, et peut-être même son peuple viendrait y planter des clous imbéciles. Mais quelque chose de plus