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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/256

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« ÇA, C’EST REIMS QUI BRÛLE ! »

cantonade son bruit de continuel tonnerre.

C’est dans cette retraite que je suis allé aujourd’hui lui demander l’honneur d’une audience.

Sur la route de Reims, un village qui est un petit coin du passé : vieilles maisons, vieux château, vieille église. Les abords en sont encombrés de fourgons militaires et de soldats ; l’église antique est elle-même en tenue de bataille, avec des panneaux de bois en guise de vitraux, et, sur toutes les maisonnettes, des écriteaux de mauvais augure rappellent la menace qui pèse sans merci sur la région : « Cave-abri de bombardement pour vingt personnes, — ou pour cinquante, ou pour cent. » Aujourd’hui cependant tout est tranquille ; le printemps tardif de cette année s’indique dans la campagne par des verdures frileuses, encore très pâles sous un ciel tiède et noir où couvent les averses fécondantes. Et les oiseaux chantent, malgré ce sourd grondement d’artillerie, qui est devenu pour eux comme pour nous une sorte de modulation habituelle du silence.

Je demande mon chemin aux bonnes gens :

— L’archevéque de Reims, me répon-