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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/283

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SON PLUS RECENT BAFOUILLAGE

sez bien qu’il va mourir ! » Je me rappelle aussi cette vieille dame aux yeux d’agonisante, qui avait l’air si comme il faut avec ses boucles blanches et ses longs voiles de crêpe ; elle avait mis un chapeau, un manteau, mais gardé des pantoufles, sans doute pour marcher avec moins de peine : peut-être quelque grand’mère qu’avaient tendrement vénérée des fils tombés au champ d’honneur et qui n’avait plus personne ; elle trottinait à petits pas, toute penchée en avant, d’une allure de machine détraquée, sans savoir où elle allait, mais vite, aussi vite qu’elle pouvait, pour fuir l’horreur qui, derrière elle, arrivait à grande allure…

Plus touchants encore ces pauvres petits de cinq ou six ans, les élèves d’une école maternelle, qui, sous la conduite d’un chef d’une dizaine d’années, marchaient si graves en se donnant la main, allongeant de leur mieux leurs jambes frêles, et qui emportaient pendu au cou leur masque contre les gaz de mort, — ces gaz qui détruisent aussi les plantes et qui sont comme une des formes de la puanteur boche. Oh ! pauvres, pauvres petits, quel enfantillage de leur avoir donné