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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/285

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SON PLUS RECENT BAFOUILLAGE

d’un Guillaume II, s’en allait on ne sait où, mourir de mort affreuse, aux carrefours des routes de l’exil.

Quand on a de telles images encore fraîches dans la mémoire et que l’on repense au toast du professionnel imposteur qui a prémédité et accompli tout cela, vraiment on ne sait plus si l’on va pouffer de rire ou grincer les dents de rage !…

Encore un autre groupe dont j’ai gardé la vision, d’un singulier charme : une vingtaine de jeunes filles, assises sur un entassement de matelas et de couvertures, dans une grande vieille charrette qui était tout ornée de bouquets piqués au bout de bâtons, des bouquets d’humbles fleurs cueillies en route dans les champs. Elles semblaient presque élégantes et s’en allaient sans une larme, sans une plainte, sans une parole, l’air fier et résolu, ayant chacune au corsage les mêmes fleurs que celles dont leur charrette était décorée. Qu’est-ce que cela pouvait bien être que ce jeune monde-là ? — Ah ! vraisemblablement les « grandes » de quelque lycée de province. Et mon étonnement presque indigné de les voir si