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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/41

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dépassent trop les manches étriquées ; plusieurs doivent être des fils de bourgeois et, pour faire les cantonniers, ils ont gardé leur lorgnon et leur casquette d’étudiant. Presque tous ont du reste cette laideur agressive que l’on connaît et qui est celle de la « race suprême » Leur salut militaire, malgré ma répulsion, il me faut cependant le leur rendre, mais cela me coûte un pénible effort.

Après des plaines incultes, à l’abandon depuis trois ans, j’arrive dans une région ou des blés magnifiques, égayés de bleuets et de coquelicots, mûrissent à ce soleil d’été : c’est eux qui les avaient semés, eux les Barbares, dans l’espoir de s’en faire du pain ; mais ils sont partis, et c’est nous qui les récolterons. À part ces moissons, à eux destinées, qu’ils n’ont pas eu le temps de détruire, ils ont naturellement tout saccagé, même quand il n’y avait aucune excuse militaire ; plus un village, plus une église, plus un hameau qui ne soit soigneusement et odieusement détruit.

Ah ! fini tout à coup de voir les mauvaises figures des Boches en culotte verte ! C’est que