Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/63

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c’est l’heure pour eux de repartir, et les deux religieuses les mettent en rang ; elles sont plutôt vilaines et vulgaires, les pauvres, surtout auprès du fin visage de Sa Majesté, mais quand même sympathiques avec leur air joyeux et leurs braves yeux candides ; je les soupçonne fort du reste d’avoir chanté les rondes, elles aussi, et peut-être même de les avoir dansées. Les petites filles, avec une révérence, disent à la Reine : « Bonsoir, Majesté ! » Les petits soldats lilliputiens font au Roi le salut militaire en lui disant : « Bonsoir, Sire ! » Et ils partent, entonnant une chanson de route, que l’on continue d’entendre en decrescendo, à mesure que s’éloignent les voitures qui les emportent.

— Maintenant, me dit la Reine, je vais vous recevoir dans ma maisonnette de bois.

Et je la suis, avec la dame d’honneur, dans une de ces cabanes démontables en planches de sapin qui, en moins de deux heures, peuvent être transportées d’un lieu à un autre comme les tentes des nomades. Entre des bosquets rabougris, que d’habitude le vent de la mer tourmente, c’est sur le sable qu’elle est posée cette fois, la cabane royale,