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Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/66

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bruyant épisode chatique au milieu de nos songeries profondes sur le brahmanisme, — et, se rappelant sans doute que je suis un chevalier servant des chats :

— Rassurez-vous, me dit-elle, en riant toujours, on ne leur fait jamais de mal ; non, peur seulement. C’est qu’ils viennent ici, tous ceux du village, pour dénicher nos rossignols. Aussi me suis-je vue obligée de prier le bon gendarme de service de ne pas manquer de leur donner la chasse.

Pauvre charmante Reine, qui entend la nuit, sans broncher, d’infernales musiques de mort, comme on la comprend de défendre au moins les rossignols qui lui font des sérénades ou des aubades avec leurs petites voix de cristal. Et combien sont touchantes et jolies les fantaisies presque enfantines de cette souveraine au courage si viril, qui n’a pas une minute déserté son poste terrible, qui jamais ne faillit à son devoir écrasant et qui, dans les tranchées de première ligne, au milieu de ses soldats, affronte le fer et le feu, avec la plus tranquille audace !

— Je vais vous montrer notre petit bois aux rossignols, me dit Sa Majesté quand