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Page:Loti - La Maison des aïeules, 1927.djvu/62

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venaient s’amuser les enfants du temps passé.

Dans cette chambre-là, je savais que ma mère, étant toute petite fille et commençant à écrire, s’était amusée une fois à graver son nom sur une vitre de la fenêtre, avec le diamant d’une bague. Je n’espérais point retrouver cela ; mais le carreau a miraculeusement résisté à soixante années de possession étrangère, et la précieuse inscription y est encore ! À côté de quelques griffonnages, de quelques essais moins réussis qui doivent dater du même jour, le cher nom m’apparaît très lisible, tracé d’une grosse écriture d’enfant qui s’applique : NADINE !… À l’angle du carreau poussiéreux et verdâtre, le nom se détache, en rayures légères qui brillent, sur l’image trouble de la rue où la pluie tombe.

NADINE !… Alors, je ferme à demi les yeux