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Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/194

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quelques âmes ainsi désignées sont, en même temps que moi et ardemment avec moi, nos centaines et nos milliers de combattants de la dernière guerre, qui ont eu pour adversaires les pauvres Turcs et qui tous ne demandent qu’à attester avec admiration leur générosité chevaleresque, leur douceur, leur sollicitude pour les blessés et les prisonniers. Ce sont eux surtout, nos combattants, qui l’ont répandue, cette légende du bon Turc ; qu’on les interroge, qu’on les consulte en plébiscite, ainsi que tous ceux d’entre nous qui ont longuement vécu en Orient, et je suis sûr du résultat de l’enquête comme je suis sûr de la lumière du jour ; en revanche, au sujet des Grecs, ils seront unanimes à crier leur déception, leur dégoût et leur écœurement. Il n’y a pas à traiter de rêveries ces jugements-là ; de bonne foi, on ne peut y voir que des assertions positives de Français qui étaient sur les lieux et qui savent. Le romantique — ou mieux le romanesque — ne semble-t-il pas être plutôt du côté de ces esprits distingués, mais qui s’obstinent, en rêveurs un peu trop nuageux, à voir dans les tout petits Grecs de nos jours les continuateurs des héros de l’antiquité ?

M. Hanotaux ajoute cette phrase peut-être trop dangereuse pour la cause qu’il défend :