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Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/31

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guerre mondiale ; ils étaient sujets Ottomans ; on les laissait parfaitement tranquilles à ce moment-là, et pourtant ils n’hésitèrent pas à courir au-devant des armées de l’invasion russe, à servir d’espions et de pisteurs ; dans les villes et les villages, non seulement ils leur désignaient les maisons turques, mais ils étaient les premiers à incendier, torturer, massacrer à tour de bras, faire des piles de cadavres. Quel est donc le peuple au monde qui n’aurait pas réprimé violemment de telles forfaitures commises dans son sein et en pleine guerre ?

Pour finir, je voudrais demander à mes chers compatriotes une seule chose : si des considérations supérieures que je n’ai pas à apprécier, si des pressions étrangères irrésistibles nous forcent de souscrire à l’arrêt de mort de ces Turcs, qui auraient été pour nous de si précieux alliés, au moins écoutons avec un peu plus de confiance les innombrables voix de tous nos officiers ou soldats revenus d’Orient ; j’ai par centaines leurs lettres spontanées qui sont si terribles pour les Levantins et si affectueuses pour les Turcs, pour les Turcs seuls. Je citerai, de l’un d’eux, cette phrase textuelle qui par sa forme m’a amusé au milieu de mon angoisse : « Oh ! là là, les férocités turques, les massacres