Aller au contenu

Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Croyants comme une simple muscade, elle révolterait à tout jamais ses milliers de fidèles sujets musulmans. Ensuite, ce serait renier tout son passé, toutes ses promesses, méconnaître l’effort séculaire de nos devanciers qui avaient fait de la Turquie un pays d’influence, de sympathie et de langue françaises, ce serait abdiquer tout notre prestige en Orient et sacrifier d’un seul coup tout l’or productif que nous y avons semé à pleines mains.

Oui, ils ont aussitôt compris, nos grands arbitres, dès qu’ils ont eu le loisir pour un premier examen attentif, et il semble bien aujourd’hui que Stamboul restera l’inaliénable patrimoine du Khalife : seule solution qui puisse mettre d’accord la justice, la raison, et l’intérêt primordial de la France.

Il faudrait pourtant se hâter de rendre cette décision officielle, car l’un des nombreux motifs sur quoi s’appuie la justice pour demander que Constantinople reste aux Turcs, est leur écrasante supériorité numérique. Or, cette supériorité décline très vite, depuis qu’elle a été évoquée comme argument à la barre de la Conférence : par un hasard sans doute providentiel pour les Grecs, d’immenses incendies se déclarent dans la ville, avec une fréquence que