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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/108

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flore et d’une faune qui ne sont plus de son climat. — Des galeries couvertes, aux colonnes de cèdre, entourent d’une zone d’ombre les sanctuaires presque toujours fermés, où l’on voit, à travers les barreaux des portes, briller des dorures atténuées, luire les mains et les visages des dieux assis en rang sur des fauteuils. Ces temples, comme leurs arbres, ont vu couler des années par centaines, et le moment approche où leurs boiseries, leurs laques s’en iront en débris et en cendre. Sur les autels, ou bien aux plafonds poudreux, aux frises des vieilles colonnades, derrière les toiles d’araignées, il y a partout du mystère ; partout il y a de l’étrange et de l’inquiétant, dans les moindres formes des figures ou des symboles. Et on sent bien, ici, qu’au fond de l’âme de ce peuple badin, au fin fond pour nous impénétrable, doit résider autre chose que de la frivolité et du rire, sans doute quelque conception plutôt terrible de la destinée humaine, de la vie et de l’anéantissement…

En montant toujours, voici bientôt la peuplade des petits bouddhas en granit, tout barbus