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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/119

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Le calme un peu dédaigneux des attaqués, notre arrivée aussi, à nous qui étions connus pour être d’assez faciles acheteurs, empêcha la bagarre d’aller jusqu’au premier coup de poing ; sans cela nous étions aveuglément houspillés par la foule, et non moins aveuglément traînés au poste par une escouade de police, ainsi qu’il arriva la semaine dernière aux officiers d’une autre flotte européenne.

Ce petit peuple, arrogant et plein de mystère, cache, sous ses dehors gracieux, une haine farouche pour les hommes de race blanche.

Imaginerait-on même qu’un de leurs sujets de jalousie contre les Européens est de ne pouvoir, pour cause de visage trop plat, user d’un pince-nez ? Aussi les élégants d’entre eux se hâtent-ils d’en porter, même s’ils n’en ont pas besoin, pour peu qu’ils se sentent au milieu de la figure un soupçon de quelque chose permettant d’en accrocher un.